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Méditations

Méditation - St Paul Croix 150 anniv
Pour se préparer à Noël
voici quelques extraits de

« L'Ame passionnée et amoureuse de Jésus enfant »

du bienheureux Laurent Marie Salvi, passioniste.

   Laurent Marie de St François Xavier, (Lorenzo Salvi 1782-1856), missionnaire itinérant sur les traces de St Paul de la Croix, fut un apôtre infatigable de l’Enfant Jésus et propagea cette dévotion par sa parole, son exemple et beaucoup d’écrits.

L'enfance de Jésus, première école de sainteté

     Il n’y a pas de doute que, parmi les sublimes mystères de notre religion, le plus doux, le plus suave, soit celui de la sainte enfance de Jésus Christ. Sa naissance temporelle, contemplée de loin par la foi, remplissait de consolation les patriarches. Le Rédempteur lui même en effet, reprochant aux Juifs de l’Ancienne Alliance leur incrédulité, affirma d’Abraham : Abraham, votre père, exulta dans l’espérance de voir mon jour : il l’a vu et s’est réjoui. Et le saint vieillard Siméon, lorsque la Très Sainte Vierge Marie remit entre ses bras son tout petit Jésus, ne se soucia plus, l’esprit plein de douceur céleste après une telle visite, de vivre sur cette terre. Il le fit comprendre en s’exclamant : Maintenant, Seigneur, laisse ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole.

    Combien nous nous estimerions heureux, combien nous nous estimerions contents si cela nous était arrivé à nous mêmes ! Mais courage : les mêmes douceurs spirituelles nous sont aussi offertes. Elles parviennent à l’âme bien disposée, sinon par la réelle visite de l’Enfant Jésus, dont nous ne sommes pas dignes, du moins en le voyant spirituellement renaître en nos cœurs par une infusion partielle de sa grâce, fruit d’une solide dévotion envers Lui.

    Afin que nous puissions en être persuadés, le pape Innocent III et avec lui, l’ensemble des docteurs de l’Eglise, nous enseignent à distinguer en Jésus Christ trois naissances différentes. La première est la divine naissance du Verbe dans le sein du Père éternel. La seconde est sa naissance temporelle, de sa Mère. La troisième est sa naissance spirituelle qui a lieu dans l’esprit et dans le cœur de l’homme. Et le pape Innocent III ajoute : « De la première manière, le Verbe divin naît continuellement de son Père éternel ; de la troisième manière, il naît souvent dans l’esprit et le cœur de l’homme. Le Christ est conçu par l’amour ; il naît quand cet amour produit des œuvres bonnes ; il grandit par le progrès de ces bonnes œuvres ». 

    Or combien l’amour que Dieu nous porte dépasse t il celui qu’il avait pour l’ancien Israël, puisque ce fut trop peu pour cet amour d’être né pour nous de sa Mère : il voulut encore renaître spirituellement plusieurs fois ! Il le fait par sa grâce précieuse et comble ainsi notre âme de cette paix annoncée à tous par les anges, dans la nuit de sa naissance temporelle.

    Voici donc où nous voudrions conduire tout le peuple chrétien, voici la douce invite que l’on fait à tous les fidèles catholiques : être amoureux de Jésus Enfant. Ainsi, ayant continuellement devant les yeux les exemples des vertus que, dès la crèche, il nous enseigne, qu’ils se mettent à sa suite pour ramener sur le droit chemin les âmes égarées et servir de modèles à celles qui progressent. Autant les unes que les autres peuvent être sûres qu’en suivant les traces de ce céleste petit Enfant, elles ne pourront dévier du sentier qui conduit à la vie éternelle. Elles acquerront ce précieux caractère de l’enfance spirituelle dont Jésus Rédempteur veut que soient dotés ceux qui aspirent au Paradis : Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux.

    Cette invitation à mettre tout son cœur à honorer assidûment l’enfance de Jésus Christ ne doit sembler étrange à personne. En effet, si le zèle de tant de prêtres et religieux fervents à promouvoir dans le peuple chrétien la mémoire continuelle de la Passion et de la Mort de Jésus est très louable, comment ne serait il pas aussi recommandable d’exciter les fidèles à se souvenir assidûment de sa naissance dans la grotte de Bethléem ? C’est là que le Verbe incarné ouvrit la première école publique de toutes les vertus. C’est là que tout ce qui entoure le saint Enfant gisant sur la paille crie à nos oreilles, selon ce qu’écrit saint Bernard : « Sa langue ne parle pas encore, mais tout ce qui l’entoure crie. L’étable crie ; la mangeoire crie ; ses larmes crient ; ses langes crient. Ses petits membres eux mêmes ne cessent pas de crier, alors cependant que son enfance se tait ». 
 

150ème ANNIVERSAIRE
de la CANONISATION
de S. PAUL de la CROIX

Pour marquer cet anniversaire nous publions ici l’article que nous avons rédigé pour la revue diocésaine d’Evreux à l’occasion de l’Année de l’Appel 2016-2017

Pour marquer cet anniversaire nous publions ici l’article que nous avons rédigé pour la revue diocésaine d’Evreux à l’occasion de l’Année de l’Appel 2016-2017

      Dès son enfance, Paul François Danei, italien (1694-1775), devenu ensuite Paul de la Croix, fait preuve d’une grande ferveur spirituelle, mais c’est à l’âge de 26 ans qu’il comprend clairement le projet de Dieu sur lui : « faire mémoire » de son amour manifesté dans la Passion et Résurrection de Jésus et aider les autres à se souvenir de cet amour.  Vie de prière intense et d’activité apostolique : c’est ainsi que naît la Congrégation de la Passion.

      Suivre cet appel n’est pas facile pour lui, malgré sa foi solide et sa volonté de se donner totalement à Dieu. Lui-même le confie à un jeune homme tiraillé entre le désir de répondre à sa vocation à la vie passioniste et les doutes et inquiétudes face à une telle décision : « Si vous saviez les contradictions que j’ai éprouvées, moi, avant d’embrasser cette vie ! Grandes terreurs…, compassion envers mes parents que je laissais dans un grand besoin et qui avaient mis en moi toutes leurs espérances selon le monde, désolations intérieures, cafard, craintes. J’avais l’impression que je ne pourrais pas tenir. Le diable me faisait croire que je m’étais trompé, que je pouvais servir Dieu autrement, que ce n’était pas là une vie pour moi… et surtout je n’avais plus aucune dévotion, je me trouvais dans l’aridité et tenté de mille façons. Même entendre les cloches sonner m’horrifiait : tout le monde me paraissait heureux sauf moi ».

      La fondation de la Congrégation des Passionistes traverse de rudes épreuves. Les luttes extérieures s’ajoutent à une douloureuse nuit de la foi qui dure presque cinquante ans. Sa fidélité à l’appel reçu s’enracine dans sa confiance illimitée dans le Seigneur et dans la contemplation de Jésus en sa Passion où il voit clairement l’amour miséricordieux de Dieu.

 

      Son charisme reste actuel aujourd’hui car la Passion de Jésus est une mine inépuisable tant sur le plan théologique et spirituel qu’historique et artistique.  Même pour beaucoup de non-croyants et de non-chrétiens elle est source d’intérêt ou, du moins, de questionnement. 
Certes, le contexte social, culturel et religieux a changé par rapport au XVIII° siècle. Mais une constante demeure : l’expérience est quotidienne des souffrances et des angoisses de l’humanité. D’où la recherche, consciente ou non, d’une réalité de « salut » que chaque personne porte en elle. Les chrétiens ont-ils aujourd’hui une réponse à donner à cette quête de sens et d’amour ? Dieu est-il indifférent au sort de ses créatures ?
Pour trouver cette réponse Paul de la Croix invite à creuser la Passion et en « faire mémoire » avec gratitude car en assumant pleinement la condition humaine jusque dans la souffrance et la mort, Jésus prouve que Dieu est vraiment « responsable de son  amour » envers l’humanité.

Chantons : « Alléluia ! »

    Béni soit Dieu qui a daigné nous faire arriver au jour de sa glorieuse résurrection.

    Chantons donc avec les bienheureux citoyens : « Alléluia ! louez le Seigneur ! »
    Quel cri de triomphe ! C’est le cantique de louange que chantent les victorieux citoyens du Paradis.

    Le mot Alléluia n’est pas un mot qui a été inventé sur cette terre : c’est une hymne du Paradis et pour la chanter comme il convient, il faut se dépouiller du vieil homme et se revêtir l’homme nouveau qu’est Jésus Christ. Je veux dire qu’il faut être paré des saintes vertus dont l’acquisition nous a été facilitée par notre puissant et victorieux Capitaine Jésus Christ. Chantons-lui toujours : « Alléluia ! »

(Saint Paul de la Croix)

Entrer dans la Passion de Jésus

(Extraits des lettres de Saint Paul de la Croix)

Contempler Jésus…

La Passion de Jésus est une œuvre d’amour infini… le miracle des miracles de l’amour infini de Dieu… l’œuvre la plus grande et la plus merveilleuse de l’amour divin.

La méditation de la Passion est la porte qui conduit l’âme à l’union intime avec Dieu… Il faut passer par la porte divine qu’est le Christ Crucifié.

Il est très bon de commencer l’oraison par les mystères de la très sainte Passion car elle en est la porte : « Moi, je suis la porte et nul ne vient au Père sinon par Moi.» Mais quand ensuite l’âme se perd dans l’immensité de la divinité, se tenant en cette vue de foi et d’amour du Bien Infini, toute nourrie d’amour et de charité, elle doit rester ainsi : ce serait une erreur bien grande de se tourner vers autre chose. Et quoi, croyez-vous ne pas demeurer uni à la Passion, bien qu’il vous semble la perdre de vue ? « Vous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » dit Saint Paul.

L’amour est une force unitive, et il s’approprie les tourments du Bien-Aimé. Si vous vous sentez entièrement pénétrée des souffrances de l’Epoux, réjouissez-vous, mais je peux vous dire que cette fête se fait dans la fournaise du Divin Amour car le feu qui pénètre jusqu’aux moelles, transforme l’amant en l’aimé. L’amour se mêlant plus profondément à la douleur et la douleur à l’amour, il se fait un mélange des deux tellement intime qu’on ne peut plus distinguer l’amour de la douleur, ni la douleur de l’amour. C’est pourquoi l’âme aimante se réjouit dans sa douleur et exulte dans son amour douloureux. Je crois que vous comprendrez ma folie.

Le point que Votre Révérence ne comprend pas, de vous approprier par la travail de l’amour les très saintes souffrances du doux Jésus, la Majesté divine vous le fera comprendre quand il lui plaira. C’est là un travail tout divin. L’âme, tout immergée dans le pur amour, sans images, en très pure et nue foi, se trouve tout à coup, quand il plaît au Souverain Bien, plongée également dans la mer des souffrances du Sauveur. En un regard de foi, elle les comprend toutes sans comprendre car la Passion de Jésus est une œuvre toute d’amour. Et comme l’âme se tient toute perdue en Dieu, qui est charité, qui est tout amour, il se fait un mélange d’amour et de douleur parce que l’esprit en est tout pénétré, il est tout plongé dans un amour douloureux et une douleur amoureuse. Opus Dei (œuvre de Dieu) !… Je me suis expliqué en balbutiant mais je n’ai rien dit, rien, rien.

… avec Marie

Si vous allez au Crucifix, vous y trouverez aussi la Mère et d’autre part, là où est la mère, là est aussi le Fils.

Voici le jour de la Passion de ma très sainte Mère, la Vierge des douleurs. Recommandez-moi beaucoup à elle pour que ses douleurs et la Passion de mon Jésus demeurent gravées dans mon cœur. Je le désire de toute l’ardeur de mon âme. Je voudrais pouvoir les imprimer dans le cœur de tous les hommes ; alors le monde entier brûlerait de saint amour.

Méditez souvent les douleurs de la divine Mère, douleurs inséparables de celles de son Fils bien-aimé. Unissez les souffrances de Jésus Christ avec celles de la très Sainte Vierge et vous plongeant dans ces souffrances et ces douleurs, faites-en un mélange d’amour et de douleur, de douleur et d’amour. L’amour vous enseignera tout cela si vous restez bien concentré dans votre néant… Offrez souvent à Dieu le Père les douleurs de Marie avec les souffrances de Jésus.

La douleur de Marie est comme la Méditerranée car il est écrit « Ta douleur est grande comme la mer » (Lam 2,13). De cette mer on passe à une seconde mer, sans limites : c’est la Passion de Jésus Christ au nom de qui le prophète royal a dit : « Je suis entré dans la haute mer». C’est là que l’âme s’enrichit en pêchant les perles très précieuses des vertus de Jésus et de Marie.    Je vous recommande d’aller souvent en esprit pêcher dans la mer très sainte des douleurs de Marie. En cette mer vous pêcherez les joyaux des saintes vertus et votre âme deviendra toujours plus belle et parée.

Le Carême : un cheminement spirituel

       « Comment allons-nous vivre ce Carême ? » Voilà la question qui, chaque année, ouvre notre réunion communautaire pour préparer ce temps fort de l’année liturgique. Mais il ne s’agit pas de la classique « ennuyeuse question qui tourne toujours en rond ». Elle nous pousse à creuser davantage le sens profond du Carême et nous alerte : « Gare à la routine ! » Sinon, le Carême n’est plus le cheminement spirituel qu’il doit être.

       Plusieurs personnes nous demandent : « Ça sert à quoi le Carême ? » Si l’Église nous le propose chaque année c’est justement pour nous aider à éviter la sclérose dans notre vie spirituelle et célébrer Pâques d’un cœur nouveau.

       La Liturgie nous invite à nous mettre devant Dieu dans la réalité de notre être, mais quelle est la place de Dieu dans notre journée ?  Jésus nous invite au « cœur à cœur » avec Dieu : « Entre dans ta chambre et prie ton Père dans le secret », dans le tréfonds de ton être : prière silencieuse, lecture priante de la Bible et des textes liturgiques, notamment les oraisons de la messe de chaque jour.
      Certainement se retrouver seul à seul avec Dieu est plus facile pour nous qui vivons dans le monastère. Mais notre vie monastique n’est-elle pas un rappel adressé à tous les chrétiens de ne pas négliger ce qui est essentiel pour la vie de foi ?  Sans une relation profonde avec le Seigneur, nous ne pouvons pas tenir debout, moins encore cheminer.  Jésus qui est allé au désert et qui passait même des nuits entières dans la prière, nous en donne l’exemple. Si la prière était nécessaire, vitale pour Lui, combien plus pour nous !
      Le Carême nous invite aussi au jeûne : pas uniquement jeûne de nourriture et des choses matérielles pour apprendre à les relativiser et pouvoir aider ceux qui sont dans le besoin, mais aussi jeûne des conversations futiles, de la sur-information, pour donner plus de temps à la prière.
      Tout cheminement requiert un investissement persévérant, mais dans la vie spirituelle nous ne sommes pas seuls. Dieu s’y engage le premier. A nous de répondre à son appel, sachant que nous pouvons compter sur Lui. Il ne refuse jamais son aide puisqu’il nous aime et qu’il connaît nos limites. Demandons-lui humblement de nous conduire à Lui comme le suggère une belle oraison du Carême : « Sans Toi, Seigneur, il nous est impossible de te plaire. Dans la tendresse que tu nous portes, guide-nous, dirige nos cœurs » (Samedi de la quatrième semaine de Carême).

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